Pour la fin des contrats au forfait

François Zaninotto
François ZaninottoFebruary 11, 2013
#agile#marmelab

Beaucoup de contrats au forfait se finissent mal pour le client. C’est que le forfait délègue le risque tout en le cachant. Heureusement, il y a une alternative.

Une histoire courte, triste et banale

La société MilkyWave travaille à une nouvelle version de son site de e-commerce. Son CTO lance un appel d’offre de développement au forfait sur la base d’un cahier des charges de 250 pages. DevMeIn, une agence web réputée, gagne l’appel d’offre.

MilkyWave et DevMeIn négocient les termes du contrat avant le début de la prestation. Pour MilkyWave, la date de livraison finale, le budget, le niveau de qualité et le périmètre doivent impérativement être tenus - après tout, c’est le principe du forfait. Chez MilkyWave, une campagne de communication est prévue pour le lancement, des équipes de production de contenu sont sur le pied de guerre, et de lourds investissements en partenariats sont déjà engagés. Aussi, MilkyWave contraint DevMeIn à accepter une clause de pénalités de retard, jusqu’à 30% du montant de l’appel d’offre.

Après 6 mois de développement, DevMeIn n’arrive pas à livrer à temps, pour des raisons peu significatives pour cette histoire. MilkyWave a beau récupérer 30% de sa commande de développement web, la société va perdre beaucoup plus à cause des dépenses déjà engagées par ailleurs.

Post-mortem

En contractualisant au forfait, MilkyWave a délégué la maîtrise de son risque à un sous-traitant. Mais ce sous-traitant n’était pas engagé à la hauteur du risque produit - seulement sur le risque du périmètre “développement web”. C’est un peu comme les actifs pourris des subprimes qui cachaient un taux de risque bien plus important qu’estimé.

Pour assurer ses arrières, il aurait fallu que MilkyWave mette un plafond de pénalités bien au-delà des 30% du total du forfait. Mais DevMeIn n’aurait jamais accepté. En fait, un tel montant de pénalités s’assimile à une assurance, et se traduit forcément par une prime conséquente. Ce n’est pas le métier d’une agence web que de proposer des assurances sur les risques business. Enfin, quand bien même MilkyWave aurait pu minimiser son risque financier, les dégâts d’image et de motivation causés par le non-lancement auraient quand même pesé très lourd.

Forfait et incertitude

Il n’y a qu’une personne qui pouvait gérer ce risque correctement. Seul le CEO de MilkyWave avait connaissance de l’ensemble des dépenses engagées et des plannings croisés. Il était le seul à pouvoir arbitrer dès que les premiers retards sont apparus. Autrement dit, en se déchargeant d’un risque critique sans donner les moyens au sous-traitant de faire les bons arbitrages, MilkyWave s’est tiré une balle dans le pied.

C’est que le développement web n’est pas une activité très certaine. Ce n’est pas comme construire une chaise : si j’en ai fait une, je sais combien de temps il faut pour refaire la même chaise. Les sites web, eux, sont (forcément) tous différents. Et veulent se démarquer par des fonctionnalités, une ergonomie, et un back-office différents. D’où une très grande incertitude technique, qui pèse sur le risque produit.

Comme le développement est une composante critique de tout projet web, et qu’il est donc par nature incertain, il faut ajuster la contractualisation pour permettre une maîtrise des risques à coût raisonnable.

Alternative agile au forfait

Comment alors gérer cette incertitude à son juste niveau, si le forfait ne convient pas ? En étant prévenu au plus tôt de chaque problème, en ayant la souplesse nécessaire pour réajuster le budget, le planning ou le périmètre du projet. Bref, en étant agile.

Est-il possible de contractualiser avec un sous-traitant en mode agile ? Bien sûr. En exigeant une obligation de moyen et non de résultat de la part du sous-traitant, on ne lui délègue pas le risque. Il reste à le gérer soi-même, via l’outillage agile (SCRUM, Kanban, Lean, etc)

Mais alors, quelle différence avec un mode régie, le contrôle en moins ? En effet, une sous-traitance à distance sans obligation de résultat, n’est-ce pas incitatif pour le sous-traitant à ne pas bien travailler ? Pour répondre à ces préoccupations, le sous-traitant peut s’engager au forfait sur le périmètre d’une itération - une à deux semaines en général. Cela revient à fixer la vélocité à 1 par contrat.

Pour répondre à cette problématique, Marmelab a conçu des contrats agiles sécurisants pour ses clients, qui sans revenir à une obligation de moyen globale, mettent client et sous-traitant dans une dynamique de partenariat gagnant-gagnant.

Conclusion

Signons ensemble la fin des contrats de développement web au forfait. Ils sont une illusion d’assurance et déçoivent souvent. La solution existe : c’est l’agilité. Elle est industrielle, et elle se contractualise aisément. Vous voulez essayez ? Contactez-nous.

N.B.: Les noms de sociétés sont évidemment factices, la situation elle est bien tirée de l’expérience.

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