Ma session découverte de l’agilité par le jeu au ForumPHP comme si vous y étiez (ou presque)
Mardi 24/11, j’ai été invité, en marge des sessions du 10e Forum PHP, à faciliter un atelier sur l’agilité sous l’angle du jeu et des serious games. Et ce n’était pas n’importe quel ForumPHP, c’était un événement anniversaire à plus d’un titre : on fêtait les 10 ans de ForumPHP, les 15 ans d’AFUP et les 20 ans de PHP ! Alors être invité à injecter un peu d’agilité dans ce contexte, ce n’est pas rien !
La taille du groupe a permis à chacun de s’exprimer sur ses problématiques et les échanges ont été très riches, et ce, dès le tour de table des présentations.
En effet, avant toute bonne communication qui se respecte, il convient de poser le contexte et de connaître ses interlocuteurs. Et comme l’atelier durait 3 heures, nous nous sommes lancés dans le tour de table de présentation de chacun le plus long, mais aussi le plus enrichissant de la longue histoire des tours de table !
Les participants ont pu échanger ensemble sur leur niveau de connaissances de l’agilité et sur la maturité de leurs pratiques, mais aussi sur ce qui ne leur plaisait pas dans l’image véhiculée par l’agilité actuellement : “on a l’impression que se revendiquer de l’agilité ce n’est que du marketing, et que cela ne résout aucun des dysfonctionnements de nos entreprises” ou encore “comment une entreprise peut-elle se dire agile si les estimations de tâches valent contrat et que l’on est montré du doigt la fois où l’on arrive 15 minutes en retard ?”. On voit bien dans ces remarques que l’agilité ce n’est pas qu’appliquer des méthodes, mais c’est aussi une question de changement de culture d’entreprise. C’est donc sur cet aspect de changement culturel qu’ont porté nos échanges.
Une fois ces longs préliminaires terminés, nous avons pu passer à la première activité pratique : un Ball Point Game.
Le Ball Point Game est un jeu qui a été inventé par Boris Glogger pour expliquer Scrum dans ses formations. On y aborde, au moyen de la métaphore, l’importance des métriques et des temps d’introspection dans la démarche d’amélioration continue. En plus d’être une activité dont le debrief peut s’avérer particulièrement riche, elle oblige les participants à s’engager physiquement, ce qui a généralement pour effet d’insuffler beaucoup d’énergie les ateliers où elle y est jouée, et c’est ce que l’on a pu vérifier ce jour-là !
Lors du debrief, en plus des cycles itératifs et de l’amélioration continue, nous avons pu évoquer des thèmes tels que les estimations, la prise de leadership, l’auto-organisation, la gestion du changement, la culture de l’expérimentation, le droit à l’erreur et la motivation des équipes. Enfin, le motto qui résume bien le résultat du jeu c’est qu’il faut payer pour apprendre.
Au terme de cette première phase de l’atelier, j’ai pu me rendre compte de l’intérêt des participants en leur faisant participer à un R.O.T.I. (Return On Time Invested), sondage à main levée à la mode agile. Les notes étaient assez élevées, sauf pour certains, qui, lors de l’explication de leur vote, ont de nouveau exprimé leurs craintes à ne pas savoir comment utiliser tout ce qu’ils avaient appris durant l’atelier quand ils retourneront dans leur organisation. Et la réponse à ces craintes fut collective : “tu ne pourras pas appliquer ces méthodes tant que tu n’auras pas réussi à changer la culture de ton équipe, donc de ton entreprise”.
La seconde partie de l’atelier a été consacrée à l’utilisation des kits de démarrage de Lego Serious Play.
Nous avons commencé par la formation aux trois compétences du constructeur de Lego : la Créativité, la Métaphore et le Story Telling. Les constructions que l’on réalise en Lego dans le cadre de la méthode Lego Serious Play sont des modèles métaphoriques. Chaque élément du modèle est supposé avoir un sens, et dans la discussion qui suit sa construction, on peut donc “questionner” le modèle.
Une fois terminée cette étape de formation préalable, nous sommes passés à la deuxième activité de la matinée : la Lean Startup Simulation.
Ce serious game a été co-conçu par Katrin Elster et Sven Kräuter au cours d’un Agile Coach Camp dédié aux jeux agiles auquel j’ai participé en 2013. Je l’ai par la suite documenté et perfectionné, après l’avoir facilité de nombreuses fois auprès de publics variés.
L’objectif du Lean Startup Simulation est de simuler le processus “Construire-Mesurer-Apprendre” (ou “Build-Measure-Learn” en anglais) porposé par Eric Ries dans son livre “The Lean Startup”, sorti en 2011.
Lors du debrief du jeu, nous avons souligné l’importance du “feedback” utilisateur (ou retour utilisateur), qui ne peut se faire que si l’on peut accéder aux utilisateurs finaux du produit que l’on réalise, mais également sur l’importance de la communication entre client et fournisseur. Cette communication peut être grandement améliorée si elle s’appuie sur du tangible : des prototypes, des maquettes, des croquis, tous ces supports qui permettent de lever les ambiguïtés présentes de manière intrinsèque dans les formes de communication orale et écrite.
Comme mon discours et les outils que j’utilise sont très axés sur les humains et leurs interactions, ainsi que sur la dimension culturelle de l’agilité, chacun des participants a pu tirer des bénéfices de cet atelier, malgré la grande amplitude de maturité dans la pratique de l’agilité de ceux-ci. Ils ont tous fait preuve d’un intérêt et d’une énergie sans faiblesse tout au long de l’atelier, et je les en remercie !