School Of PO, retour sur la conférence

Florian Ferbach
Florian FerbachFebruary 15, 2018
#conference#agile

D'abord avec des meetups, puis avec sa première conf, la "School Of PO" enchaîne et ça vaut le coup !

Bien camouflée sous un design qui fait flipper, avec les pires « badass » du cinéma, cette conférence s'est déroulée le 13 février 2018 à Paris. Elle est en fait avant tout un regroupement de super personnes qui ne souhaitent que partager leurs expériences ! Je vous explique ...

La conférence se déroule en 2 temps.

La matinée est prévue sous forme de conférences classiques, à la TED, avec des speakers qui s'enchainent sur un track unique. Objectif : inspiration. Les speakers ne sont pas nécessairement dans notre domaine, à nous de faire les parallèles et métaphores nécessaires à en tirer notre enseignement.

L'après-midi se déroule sous forme d'ateliers, 4 tracks en parallèle de 2 ateliers chacune. Objectif : remplir sa boîte à outils d'agiliste avec des méthodes que nos speakers ont expérimentées pour nous.

Voici un résumé de ce que j'ai vu, retenu ou appris pendant cette journée. Spoiler: plein de choses.

The Leaners' Hypothesis

Alberto Brandolini a démarré la conférence en nous proposant une réflexion autour de l'apprentissage. Sa question: si nous devions réécrire un de nos logiciels, combien de temps cela prendrait-il ?

Dans la plupart des cas, les développeurs estiment que ça ne prendrait pas plus de 40% du temps initial. Alors que fait-on des 60% restant ? Nous le passons à apprendre !

Son point de vue est que l'apprentissage ne peut pas être outsourcé. C'est un processus essentiel qui nécessite de se tromper et faire des erreurs. Ce processus vivant ne peut donc pas vraiment être transmis sous forme de blocs de connaissance à lire (spécifications).

En plus, en empêchant les développeurs d'apprendre par eux-même, on les fait rentrer dans une routine ennuyeuse. Ils ne cherchent plus à apprendre, ils produisent sans vision et doivent trouver un autre terrain de jeu.

Inventer ses limites

A mi-chemin entre Eddy The Eagle et les Rasta Rockett, Lamine Guèye est un skieur sénégalais ayant participé aux Jeux Olympiques.

En fait, c'est lui le premier ; il est celui ayant inspiré les Rasta Rockett.

Lamine nous a présenté son parcours, comment il en est arrivé à être le premier skieur sénégalais à faire les JO d'hiver, et comment il est revenu 2 fois de plus.

D'après lui, ce n'est pas un hasard : il s'est donné les moyens d'y parvenir. Ou plutôt, un objectif super ambitieux, qu'il appelle le "grand cadre", par opposition au "petit cadre" des objectifs mineurs (comme aller deux fois par an faire du ski pour le plaisir).

Et puisque certains participants sont des pros du scribbling, voici un aperçu de l'intérieur du cadre:

Beaucoup d'inspiration et un bel appel à effectuer une rétrospective personnelle !

Jouer c'est sérieux

Laure Chouchan est productrice de jeux télévisés, et s'est présentée comme étant assez étrangère au monde agile.

Contrairement aux producteurs de cinéma qui ne s'occupent que du côté financier, Laure est aussi en charge de l'aspect créatif lié à la mise en place d'un nouveau jeu.

Bien que le monde des producteurs d'émission soit assez restreint, des bonnes pratiques se partagent de personne à personne. L'objectif de sa présentation était de nous présenter sa façon de travailler.

De l'idée à la mécanique de jeu (appelée « bible »), le processus de conception ressemble beaucoup aux méthodes de l'IT : du design thinking pour la phase d'idéation, des tests utilisateurs pour vérifier que la mécanique fonctionne, des adaptations selon un processus itératif...

C'est assez curieux de se rendre compte de tant de similitude. Cela me rappelle que l'agilité est avant tout un moyen de faire collaborer des humains, et pas nécessairement de créer des logiciels.

Suivre son intuition

Lyvia Cairo est auteure et s'intéresse principalement à l'intuition et à la sexualité. Bien que le second sujet ne soit pas dénué d'intérêt, elle est venue nous parler d'intuition !

Pour nous présenter son point de vue quant à l'intuition, Lyvia nous a présenté son parcours. A chaque fois qu'un sujet l'ennuyait, elle a décidé de faire confiance à son intuition et de l'abandonner pour faire place à autre chose.

Cette démarche l'a poussée à innover sans cesse, et à chaque fois, son intuition était correcte !

A travers son histoire, Lyvia a essayé de nous faire prendre conscience que l'intuition était une source d'information. Nous pouvons choisir de tout calculer en fonction de ce que nous voyons, mais dans ce cas, nous passons à côté de toutes les informations non visibles que notre corps interprète et nous transmet.

La bonne nouvelle, c'est que l'intuition est un art qui peut se travailler, notamment à travers la méditation !

Pour finir de convaincre les sceptiques, nous avons essayé d'envoyer de l'énergie à nos voisins avec un exercice tout simple. Il suffit de frotter ses mains l'une contre l'autre, puis de rapprocher une main de celle de son voisin, sans la toucher et en jouant sur la distance.

Promis vous ne fusionnerez pas avec votre voisin, essayez !

Impact Mapping dans le XVI-ème

Début d'après-midi, les ateliers commencent !

Il y avait 4 tracks différentes, et j'ai donc du faire un choix. Pourquoi celui-ci ? Le mot impact a attisé mon attention : quand on créé un produit, c'est bien pour qu'il ait un impact sur la vie de nos utilisateurs. Et pourquoi dans le XVI-ème ?

Et bien parce que Géraldine Legris et Hédi Kallel nous ont préparé une vraie pièce de théatre. Leur objectif ? Que leur appartement de Saint-Cloud en jette pour faire rager Marc et Sophie.

Bien que ces personnages soient fictifs, ils faisaient une parfaite illustration de la situation dans laquelle un impact mapping est efficace : la priorisation !

Le principe est plutôt simple, on commence par indiquer notre objectif principal. Il doit être mesurable.

On essaye ensuite de savoir qui est concerné par l'atteinte de notre objectif. Nous avons maintenant nos Personas. Généralement, on a une cible bien précise, on va donc pondérer l'importance de chacun de nos personas, et se concentrer sur les principales.

On cherche alors à savoir quels effets aura l'atteinte de notre objectif sur ces personas. Et lequel est le plus important à nos yeux.

Il convient ensuite de lister chacune des solutions qu'on envisage pour réaliser ces effets. Et à nouveau, de mettre en avant celle qu'on pense la plus efficace.

Une fois cet outil complété, la somme des pondérations fait apparaitre très clairement un chemin critique qui peut servir de base à la conception de notre MVP.

L'impact mapping n'est pas un atelier qu'on réalise en quelques heures. C'est plutôt une trame permettant de visualiser et de résumer toutes les étapes nécessaires au démarrage d'un projet.

En fait, chacune des colonnes est prévue pour amener à la reflexion et éventuellement déclencher un atelier spécifique.

Example Mapping par la pratique

Parce qu'il n'y a pas de meilleure explication qu'un bon exemple !

Si vous êtes d'accord, vous allez adorer l'atelier proposé par Bruno Boucard et Thomas Pierrain.

Nous nous sommes réunis en groupes de 5 à 6 personnes, chacun ayant un rôle à jouer: PO, dev, QA, infra...

Une carte identifie la user story et est placée sur la table.

Le PO entame le débat en racontant une histoire... Le terme "user story" est tellement utilisé aujourd'hui qu'on en oublie sa signification. Il identifie les personas liés à la feature qu'il souhaite implémenter dans un scénario qu'il a imaginé.

Une fois l'histoire terminée, toute l'équipe peut poser des questions au PO pour faire ressortir les règles liées à cette user story.

A chaque fois qu'une personne identifie une règle, il l'écrit sur une carte d'une autre couleur et la place en dessous.

On s'arrête alors et on essaye ensuite d'identifier des exemples décrivant bien la règle. L'objectif est d'expliquer le cas général mais également d'identifier les cas limites.

Si personne n'est capable de répondre à une question, il est important de bien l'identifier comme une question en suspens (carte rouge). Et comme vous pouvez le deviner, nos exemples sont nos futurs acceptance tests.

Comme l'ont précisé Bruno et Thomas, cet atelier peut prendre un certain temps et il doit donc être utilisé avec précaution. Ils nous ont donc préconisé une timebox stricte de 25 minutes et une sélection intelligente des user stories nécessitant le plus d'input métier.

Une fin de journée en fanfare

On n'aurait pas pu mieux finir la journée qu'avec Frédéric Leguédois !

Retour à une seul track pour cette conférence de fermeture... Conférence ? Pardon, c'était plutôt un one-man show !

Sans slides, sans micro et sans chaussures ; seul sur scène ; Frédéric nous criait son amour pour l'agilité, et son aversion pour « l'agilité de chef de projet » et le maraboutage lié aux estimations.

Je ne saurais faire un résumé qui soit à la hauteur de son show, je préfère donc vous proposer une de ses métaphores.

Allez chez votre épicier et demandez-lui « Ça fait combien ? ».
Il va vous demander « Pour quoi ? »
« Je sais pas, dites-moi ça fait combien, je paye, je reviens quand je veux et je me sers. »
Votre épicier ne va pas être d'accord...
* la métaphore est certainement un peu adaptée par ma mémoire

Conclusion

Une vraie réussite pour cette première, les sujets étaient intéressants et tous les participants très ouverts. L'animation a été menée au cordeau et les imprévus étaient presque invisibles ! Merci à tous les organisateurs !

Le lieu assez atypique était vraiment bien adapté au format de la conférence. Les collations nous ont permis de tenir la journée avec facilité, et en plus c'était super bon !

Mon seul regret et que ça n'ait duré qu'une journée. Compte tenu de la qualité des ateliers, j'aurai aimé pouvoir en faire plus que 2. J'aurai également adoré prolonger les pauses pendant lesquelles nous avons pu partager nos expériences, on apprend de tout le monde !

Super expérience !

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