ARTE x Marmelab : Dans les coulisses d’ARTE.tv

Depuis 2016, ARTE fait confiance à Marmelab pour développer des composants clés de son architecture numérique. Devenus des piliers de la plateforme Arte.tv, ces projets allient agilité, stabilité et innovation. Dans cette interview, Agathe Michalski (Responsable Technique) et Virginie Rieber (Product Owner) partagent les défis, réussites et perspectives de cette collaboration.

Marmelab : Pour commencer, pourriez-vous nous présenter vos rôles respectifs chez ARTE ?

Agathe Michalski : « J’occupe le poste de Responsable Technique depuis trois ans et demi et suis en charge notamment d’EMAC (Enhanced Model for Arte Clients) et d’AFED (Arte Front End Database). EMAC a été instauré par l’équipe Marmelab en 2017, AFED 2 ans après en 2019. Depuis, nous continuons à travailler avec Marmelab pour faire évoluer ces outils en continu et y intégrer de nouvelles fonctionnalités innovantes. »

Virginie Rieber : « Je suis Product Owner depuis cinq ans et responsable des outils d’édition, dont AFEM (Arte Front-end Manager), développé en collaboration avec Marmelab en 2016. C’est le back-office qui permet aux éditeurs de choisir quels programmes mettre en avant sur arte.tv. J’interviens également sur le portail presse allemand, le site d’entreprise et sur une partie du SI programme d’ARTE. »

Marmelab : Quels sont les besoins et défis liés aux composants EMAC et AFEM ?

Agathe Michalski : « EMAC est un backend for frontend qui dessert les trois front-ends (web 💻, app 📱 et TV📺). Il récupère les informations nécessaires auprès des différentes API et les compile afin de fournir une réponse unique et structurée aux différentes interfaces. Cela évite de développer les mêmes fonctionnalités plusieurs fois et simplifie donc le travail des équipes front significativement. Le défi est de bien répartir la logique entre le front et le back pour garder un système cohérent et performant. »

Virginie Rieber : « AFEM est un outil d’édition multilingue qui permet de gérer la mise en avant des programmes avec des teasers contenant titres, images, trailers, etc. Il doit répondre aux besoins des éditeurs dans sept langues et sur plusieurs supports, ce qui en fait un système particulièrement complexe à concevoir et à maintenir. Notre objectif est d’offrir à nos éditeurs une expérience fluide et fiable pour assurer la mise en avant optimale des programmes auprès du public d’ARTE. »

Marmelab : Pourquoi avez-vous choisi de développer ces composants plutôt que d’acheter des solutions sur étagère ?

Agathe Michalski : « ARTE a été pionnier en termes de plateforme de streaming en France et a fait le choix d’investir dans le développement de ses propres outils numériques depuis ses débuts. Cela nous donne la maîtrise de nos produits, la flexibilité d’évoluer rapidement et la capacité de proposer de nouvelles fonctionnalités adaptées à nos besoins. Dans le passé, nous avons parfois utilisé des solutions sur étagère comme WordPress, mais la logique des dernières années est de migrer vers du sur-mesure. »

Marmelab : Contrairement aux autres plateformes, vous avez choisi une éditorialisation humaine. Quels défis cela implique-t-il ?

Virginie Rieber : « Chez ARTE, l’éditorialisation est très contextualisée : elle prend en compte l’actualité, les événements culturels, les langues, les supports et même l’heure de la journée. Ce travail humain est un vrai choix différenciant par rapport aux plateformes qui s’appuient sur des algorithmes. Dans ce contexte, il est essentiel que le back-office réponde aux besoins des éditeurs. Le défi est donc de donner aux éditeurs des outils fiables qui assurent une prévisualisation avant publication, des sauvegardes automatiques et des barrières pour éviter les erreurs. »

Marmelab : L’interface de la plateforme Arte.tv a beaucoup évolué ces dernières années. Comment arrivez-vous à concilier une forte vélocité en façade avec la nécessaire stabilité des couches basses de votre système d’information ?

Agathe Michalski : « Nous privilégions une communication constante pour discuter régulièrement des questions d’architecture et des enjeux techniques, et pour prioriser les sujets. À chaque sprint, nous équilibrons le développement de nouvelles fonctionnalités, la correction de bugs et le refactoring. Cette approche nous permet d’avancer rapidement tout en maintenant une dette technique faible. Le fait d’avoir une faible dette technique crée un cercle vertueux car ça nous permet de développer de nouvelles fonctionnalités plus efficacement. Au sein de l’équipe, que ce soit du côté de Marmelab ou d’ARTE, il y a une véritable volonté de traiter les sujets techniques essentiels pour la qualité et la pérennité de nos projets. »

Marmelab : Vous avez opté pour Node.js et React pour certains composants de votre architecture. L’écosystème JavaScript est connu pour son évolution rapide. Comment réussissez-vous à maintenir la dette technique à un niveau raisonnable dans cet écosystème changeant ?

Agathe Michalski : « La veille technologique est essentielle. Les propositions de mises à jour viennent souvent de l’équipe Marmelab. Elles sont ensuite discutées et planifiées selon leur impact. Certaines sont intégrées dans nos sprints de trois semaines, d’autres planifiées au trimestre. Cette organisation nous permet de garder un bon équilibre entre innovation et stabilité. »

Marmelab : Comment s’est organisée la collaboration au quotidien entre vos équipes et celles de Marmelab ?

Virginie Rieber : « Nous fonctionnons en méthode agile avec des sprints de trois semaines, des cérémonies agiles classiques (daily, sprint planning, rétro) et une communication quotidienne via Slack. Nous avons aussi la chance d’avoir un accès direct aux éditeurs, ce qui nous permet de faire des ateliers et d’ajuster rapidement les outils. La collaboration est très fluide. »

Agathe Michalski : « Nous avons également instauré un rôle de « concierge » tournant, qui est responsable des tâches transverses (releases, déploiements, monitoring, réponses urgentes) qui sortent du cadre des tâches quotidiennes liées au développement “pur”. Cela permet de répartir les responsabilités et d’assurer une meilleure réactivité. C’est un vrai gain de sérénité. »

Marmelab: ARTE développe ses applications en mode agile. Pouvez-vous donner quelques exemples de fonctionnalités ayant suivi cette méthodologie ?

Virginie Rieber : « Nous travaillons quasiment toujours en mode agile, mais AFEM est particulièrement adapté à cette approche. Nous développons d’abord un MVP (Minimum Viable Product), c’est-à-dire la plus petite brique fonctionnelle. Puis, nous l’ajustons rapidement grâce aux retours des utilisateurs, notamment les éditeurs. Cette proximité avec les utilisateurs est précieuse, elle permet d’évoluer rapidement. Un exemple concret est l’ajout de la langue roumaine comme nouvelle langue sur la plateforme. Ce n’était pas planifié au départ, mais grâce à une bonne coordination entre les équipes techniques et métiers, nous avons pu livrer cette fonctionnalité en très peu de temps. L’équipe Marmelab a été très réactive et proactive, et nous avons réussi à intégrer cette nouveauté tout en respectant notre cycle de développement habituel. »

Marmelab : Quelles sont les prochaines grandes étapes pour vos équipes ?

Virginie Rieber : « L’ajout de la langue roumaine n’était qu’un début : d’autres langues vont arriver. Le défi sera d’adapter nos outils pour gérer un nombre beaucoup plus important de langues, tant côté front que back. Mais grâce à notre collaboration avec Marmelab et l’expertise déjà acquise, nous sommes confiantes dans notre capacité à relever les prochains défis et à continuer d’innover ensemble. »

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La collaboration avec ARTE illustre parfaitement notre approche : une méthodologie agile, centrée sur l’utilisateur et sur les besoins réels des équipes. Cette approche permet de concevoir des outils sur mesure qui sont capables de répondre à des défis complexes tout en garantissant une expérience fluide et performante. Vous avez un projet ambitieux ou une idée à concrétiser ? Contactez-nous !